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Décembre 2021. Dans le Belfort – Bienne, il n’y a pas grand monde. Le quotidien traîne un train de sénateur. La rame ronronne. Peu ou pas d’enthousiasme, il n’y a que la loco qui motive. Soudain, Sandra Reinflet déboule, ouragan vibrion, inventeuse d’histoires vraies, à l’assaut des petites histoires des passagers. Ils se confient, et ça tombe bien. Car Sandra vient de quitter l’homme de sa vie, elle a besoin de réconfort. La rencontre comme consolation donne Terminus, une chanson douce-amère au goût d’hiver.

Les élèves ont participé à des ateliers d’écriture directement dans le train. En puisant dans les textes écrits pendant ces maraudes artistiques, ils ont imaginé une fiction en forme de galerie de portraits, qui raconte les grandes et les petites conséquences d’un retard de train sur nos existences : « Belfort, une contrôleuse en manque de clope, un juge radin, un incident indépendant de notre volonté, deux amoureux, Delle, un frontalier persécuté, un garçon en after d’after, la Monique, Porrentruy, un homme qui manspread comme un paon, un autre qui se plaint tout le temps, Bassecourt, la mort de Michelle, Delémont, le dessin d’un tricot, un rêve dans le tunnel de Moutier… » 

Le défi lancé aux trois célèbres barbus est clair : « La mission, si vous l’acceptez, est de prendre le train de Bienne à Belfort un jour de semaine, à la sortie des bureaux, d’écrire une chanson (paroles et musique) dans la nuit qui suit, et de jouer votre création en live dans le train du retour à l’aube du jour suivant. »

Un challenge relevé par des gaillards excités comme pour une course d’école, qui ont donné à l’excursion toute la mesure de leur talent potache. Avec les petits chanteurs, les culottes sont courtes, pas les idées.

Pendant que les artistes de la bande d’Entre les lignes voyagent au chaud dans la chaleur du confort ferroviaire, Loïc se lance dans une aventure à deux roues. Son idée : suivre la ligne de train de Belfort à Bienne au plus près de la voie de chemin de fer, à vélo. Son but : privilégier la mobilité douce pour découvrir un territoire riche de paysages et d’hommes et transmettre aux auditeurs le fruit de sa micro-aventure. L’auditeur se fait compagnon de voyage et prend un bon bol d’air, à califourchon sur le porte bagage de l’aventurier, au plus près de la nature.

Il n’y a aucune différence phonétique entre « terrain connu » et « terre inconnue ». 

Tout le monde a déjà pris le train, mais personne ne l’a fait avec une bande originale composée et enregistrée exprès pour un voyage particulier. Emilie Zoé a déjà composé un morceau de musique, mais jamais pour une ligne de train. Rendez-vous est donné ! 

Lors de son trajet, l’artiste a enregistré de petits sons organiques, la musique du réel, l’extraordinaire bruit du commun, des discussions, des bouts de rien. 

Son morceau rend hommage aux petits miracles, à ce qui nous permet de continuer de faire, d’avancer. Tiny Miracles, parce que pour espérer être en avance sur son temps, il faut déjà songer à être à l’heure avec soi-même. 

Concert sur cour est un groupe qui n’existe pas, sauf en vrai. Il pourrait aussi bien ne pas avoir de nom. Crée pendant le confinement par des artistes en mal de pratique qui se retrouvaient pour chanter, il s’est vite transformé en miracle de beauté. Les chanteuses se sont mises à arpenter les rues et les traboules de Lyon en mode cadeau, comme ça, pour rien, laissant des petits mots sur les portes pour dire qu’elles seraient là, à telle heure, à chanter a capella, à donner de la douceur et de la joie. Chanter pour le trottoir, en total désintérêt.

Géraldine Bitschy a voyagé sur nos lignes et a composé un morceau original qu’elle a arrangé pour Concert sur cour. Cet épisode est la capture de leur récital sauvage.

« J’ai accepté de rentrer dans un train et d’écouter les locaux et la loco, de regarder La France et la Suisse par la fenêtre… Entre Belfort-Bienne, j’ai écrit trois lignes de texte et imaginé deux notes de piano, mais ça ne fonctionnait pas. De retour à la maison, j’ai juste réfléchi à ce que ce trajet représentait pour moi : une traversée, deux pays mais un seul peuple… entre les gens, une ligne imaginaire ou réelle, peu importe. Une frontière qui protège, sépare, exclue ? Frontière entre les pays, les peuples, les religions… frontières psychologiques, enfouies, internes… Autant de réflexions qu’il faut condenser en 16 mesures dans le style qui est le mien actuellement, percutant, poétique et sombre. »

Quand il s’agit de bouffer, de boire et surtout de rencontrer du monde, Gautier Colin s’en donne à cœur joie. Ce trentenaire aime voyager hors de sa douce Lorraine pour découvrir de nouveaux horizons… culinaires. Armé de microphones et d’une faim de loup, il recueille les pépites gastronomiques d’un territoire et ne rechigne pas à mettre la main à la pâte. Vous goûterez avec lui au cochon de la Saint-Martin, à la tête de Moine, aux pavés de la vieille ville de Bienne, au St Ursanne ou à la Damassine. Les Glob’croqueurs, un épisode à manger avec les oreilles !

« Plongez une éponge déjà pleine dans la mer, elle n’absorbera plus rien », écrit Théophile Gautier pour décrire le trop-plein d’émotion de l’un de ses personnages. Manuel Etienne est tout à la fois éponge et océan, un être sensible capable de se fondre en l’autre et dans le paysage pour en faire un morceau étonnant.

Julie est la productrice du podcast Entre les lignes.
Julie voulait un épisode avec une chanson de Didier Super.
Didier Super a dit ok, mais qu’il n’aurait pas le temps de voyager sur la ligne Belfort-Bienne.
Didier Super a écrit une chanson.
Que Julie a trouvé agressive et sans vrai rapport avec le sujet. Et surtout trop courte par rapport à l’argent qu’elle a couté.
Ils se sont pas mal engueulés au téléphone.

C’est devenu L’affaire Didier Super.

Savez-vous qui prend le train entre Bienne et Belfort ? Qui utilise véritablement cette ligne entre la Suisse et la France ? À quoi ressemble LE voyageur type, celui que les études et les statistiques appellent le « pendulaire » ? Coraline Pauchard s’est lancée à la poursuite de ce fameux pendulaire pour qui le train est essentiel. Une enquête menée sur le ton du nouveau journalisme mais comme un poème, à la frontière de la fiction.